C’est l’annonce que AIDES redoutait. Hier 20 juillet, l’Institut de métrologie sanitaire et d’évaluation (IHME) de Seattle publiait dans la revue médicale The Lancet des résultats alarmants. Non seulement le nombre de nouvelles contaminations ne baisse plus depuis 2005, mais il est par ailleurs bien plus élevé qu’annoncé : plus de 2,5 millions de personnes seraient ainsi infectées par le VIH chaque année, soit près de 500.000 personnes de plus que les chiffres annoncés par ONUSIDA. Le nombre de nouvelles infections augmenterait même dans 74 pays, selon l’IHME. « Cette étude montre les limites du discours sur une fin du sida qui serait déjà engagée. Certes une issue est possible mais le niveau de financement actuel ne permet pas d’avoir un réel impact sur l’épidémie. La réalité c’est que depuis 10 ans nous parvenons tout juste à colmater les brèches », commente Aurélien Beaucamp, président de AIDES.
Cette étude vient confirmer les constats et les revendications de AIDES :
1/ L’accès universel aux traitements doit rester un objectif absolu, mais il ne suffira pas à avoir un impact décisif sur la dynamique de l’épidémie. Nous savons qu’une personne sous traitement ne transmet plus le virus, mais nous savons aussi que la progression rapide de l’épidémie est principalement due aux personnes non diagnostiquées. Il faut donc en complément de l’accès aux traitements, améliorer de façon massive l’offre de dépistage à destination des populations les plus exposées, dans le cadre d’une prise en charge globale incluant l’accompagnement communautaire.
2/ L’accès à la PrEP et aux nouveaux outils de prévention doit être généralisé, partout et pour toutes les populations qui en ont besoin. « Baser notre logiciel de prévention sur le seul préservatif ne suffit pas. Si nous voulons vraiment faire baisser le nombre de nouvelles infections, il faut rendre accessible l’ensemble des outils qui ont prouvé leur efficacité », poursuit Aurélien Beaucamp.
3/ Pour atteindre ces deux premiers objectifs, il faut une augmentation substantielle des financements internationaux. « Une augmentation massive des efforts des gouvernements et des organismes internationaux est requise (…) pour réaliser l’objectif de mettre fin au sida d’ici 2030« , conclut Christopher Murray, directeur de l’IHME. Selon les estimations, 7 à 15 milliards de dollars supplémentaires par an seraient nécessaires au niveau mondial pour vraiment inverser la tendance.
AIDES rappelle qu’une telle augmentation n’est pas hors de portée : « 15 milliards de dollars, c’est moins de 0,02% du PIB mondial. A titre de comparaison, c’est 3% du budget de la Défense des Etats Unis.
Est-ce un montant si déraisonnable pour mettre fin à une épidémie qui tue 1,5 million de personnes par an ? »
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