Élaborer des propositions répondant aux nécessaires évolutions conceptuelles et tarifaires de la médecine libérale et construire une Convention acceptable permettant à chacun de se retrouver n’est pas chose facile. Aujourd’hui, après 6 mois de travail, l’U.ME.SPE. peut dire sa grande insatisfaction.
Dès le départ, par une lettre de cadrage au directeur de l’UNCAM, la ministre de la Santé, toujours aussi dogmatique, a contraint la Caisse d’Assurance Maladie à mettre en place une politique de revenus pour les médecins libéraux. L’autre volet de cette lettre imposait des choix ciblés de revalorisation pour accompagner la mise en place d’une organisation dictée par la Loi de Santé et permettre, concrètement, d’installer entre la médecine générale et les GHT de l’hôpital public un partenariat contraint et indispensable à la survie de l’hôpital public. L’objectif étant de déstabiliser, de fragiliser et de mettre sous tutelle la médecine libérale de second recours en faisant disparaître les spécialistes de proximité au profit d’une organisation hospitalo-centrée.
Aujourd’hui, à la suite de la signature de trois syndicats, cette convention va être mise en place, elle oppose et clive les médecins entre eux :
• généralistes et spécialistes, avec les premières revalorisations différées fin 2017 pour les spécialistes,
• médecins de secteur 2 non revalorisés au même niveau que les médecins secteur 1, comme si l’acte réalisé était différent. Nous n’acceptons pas cette vision. Le tarif de l’acte doit être le même quel que soit le secteur. Le niveau de remboursement est de la responsabilité de la caisse et non des professionnels.
• l’ambulatoire et les plateaux techniques,
• les généralistes et les pédiatres, certains se sont réjouis d’avoir mis à terre la pédiatrie !
• les chirurgiens et les anesthésistes en dénaturant la CCAM technique par la généralisation de modificateurs tarifaires que sont le J et le K. Le Bloc n’obtenant qu’une faible valorisation du facteur 7 pour les anesthésistes correspondant à une activité bien marginale.
Le reste ne sont que promesses de l’UNCAM qui n’engagent d’ailleurs que ceux qui les ont écoutés, c‘est à dire les syndicats signataires. Oui, il existe des avancées et l’ébauche de hiérarchisation est innovante, oui il existe des avancées tarifaires mais trop ciblées.
Dire que le montant de cette convention est, en année pleine, de 1,3 milliard est intellectuellement un mensonge car nous savons que des comités d’alerte se mettront en place au fil du temps pour bloquer les revalorisations promises, les repoussant de mois en mois. Se gargariser de ces avancées, utiliser le terme « d’historique » est pitoyable au vu des déclarations qui, depuis ces dernières années, ont été faites par ces mêmes syndicats et groupuscules. Donner son accord à une telle convention va bien au-delà d’une erreur stratégique, c’est surtout une erreur politique.
Déjà, Marisol Touraine se félicite de la signature de ce texte qui est une suite logique de la Loi de modernisation que nous avons tous combattue, époque où nous avions réussi à mettre en place une unité syndicale. Une mémoire bien courte !
Une signature n’est jamais une « signature de combat » comme certains ont pu le dire. Écrire que le combat continue – contre qui d’ailleurs alors qu’ils en ont approuvé les propositions de l’État – ne pourra pas les dédouaner du choix politique qu’ils ont pris. Pour l’U.ME.SPE., le choix de deux des trois signataires n’est pas une signature de compromis, c’est une signature de reddition.
Ce texte est inapproprié pour l’exercice de demain à l’heure où le numérique, la technologie prennent une place de plus en plus importante dans la prise en charge des patients et cela ne pourra que s’intensifier. Nous allons vers une médecine personnalisée et l’expertise est indispensable à notre survie, il fallait donc la valoriser, clairement cette convention est passée à côté des enjeux des médecins. L’innovation dans l’organisation est notre seule alternative, il faut porter des changements qui peuvent parfois faire peur, la convention était le vecteur pour accompagner ce changement.
La CSMF est un syndicat responsable, conventionniste mais, surtout, réformateur.
Le soutien du terrain qui, chaque jour, s’exprime permet au Bureau de l’U.ME.SPE. d’entamer une nouvelle dynamique de propositions et, demain, d’amender un texte inacceptable.
L’U.ME.SPE. est résolument tournée vers l’avenir et défendra la place de la médecine spécialisée dans la prise en charge de la population.
L’U.ME.SPE. combattra le clivage au sein de la profession, tant désiré par les pouvoirs publics, et soutenu dans une convention qu’il n’a pas été question d’approuver.
L’U.ME.SPE. va continuer à construire un avenir à la profession comme elle l’a toujours fait.