A l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer ce 4 février, Emmanuel Macron a dévoilé les axes retenus pour la stratégie décennale de lutte contre le cancer, coordonnée par l’Institut national du cancer. Association aux cotés des personnes luttant contre la maladie depuis plus d’un siècle, la Ligue contre le cancer salue cette stratégie ambitieuse. Elle demeure vigilante quant à sa mise en œuvre, notamment aux moyens alloués espérant que le financement soit assuré sur l’ensemble de la période de la stratégie.
Le Président de la République s’est exprimé ce matin à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer pour présenter les propositions retenues pour le déploiement de la stratégie décennale de lutte contre le cancer. Il a notamment souligné l’importance d’une prévention axée sur les jeunes générations, d’une augmentation significative du nombre de dépistages et la volonté d’investir dans la recherche tant fondamentale que clinique.
La Ligue salue des engagements en cohérence avec ses convictions et actions mais rappelle qu’elle est mobilisée depuis plusieurs décennies dans le soutien à la recherche, la promotion des dépistages, l’accompagnement des personnes malades, la lutte contre le tabac et l’alcool et l’éducation à la santé (notamment en milieu scolaire, avec plus de 125 000 enfants concernés par des interventions à l’école).
L’association déplore néanmoins l’absence de certains éléments qu’elle juge indispensables à la lutte contre le cancer :
- La taxations des formes habituelles d’entrée des jeunes dans la consommation d’alcool, sur le modèle de la stratégie efficace contre le tabac ;
- La nécessaire prise en compte du rôle clé des aidants ;
- L’indispensable accès aux thérapeutiques existantes à travers une politique volontariste et coordonnée pour mettre fin aux pénuries de médicaments ;
- La poursuite de la mise en œuvre du parcours de soins coordonné hôpital /ville
- Le silence quant à la promesse du candidat Macron, en 2017, qui visait à faire passer le droit à l’oubli de 5 à 10 ans.
Par ailleurs, la Ligue se tient aux côtés du Président de la République afin de porter la lutte contre les cancers à l’échelle européenne, faisant écho à l’annonce du plan européen de lutte contre le cancer.
La stratégie décennale, pour laquelle la Ligue a proposé une contribution, s’inscrit dans la continuité du 3e plan cancer. Symbole inédit d’une institutionnalisation du plan de lutte contre la maladie, elle s’articule autour de 4 axes principaux : la prévention des cancers, la réduction des séquelles, la recherche sur les cancers de mauvais pronostics, ainsi qu’un axe « transversal » (cancers de l’enfant, lutte contre les inégalités, le continuum recherche-action, mobilisation de l’échelon européen et international, et mobilisation des données et de l’intelligence artificielle). Déjà indispensable avant la Covid-19, cette stratégie revêt aujourd’hui une importance cruciale, du fait des retards de diagnostics et des bouleversements préoccupants des parcours de soin provoqués par l’épidémie.
Les demandes de la Ligue contre le cancer :
Allouer des moyens à la hauteur de l’ambition de cette stratégie
Les enjeux et les attentes générés par cette stratégie nécessitent que les moyens mis en place soient à la hauteur de sa concrétisation : qu’ils soient financiers ou humains, ils nécessitent une volonté politique sur des sujets difficiles comme l’organisation des filières de soins, le décloisonnement ville-hôpital dans l’intérêt premier des personnes malades et le prix des médicaments anticancéreux.
Favoriser la recherche
- La Ligue est préoccupée du contexte socioéconomique et psychologique de l’entrée des jeunes dans les différentes addictions cancérigènes et aussi de la prévalence de certaines maladies professionnelles. Elle milite en faveur d’une recherche transversale pluridisciplinaire sur ces facteurs de prédisposition aux pratiques à risque.
- La Ligue appuie bien entendu le lancement un plan d’action ambitieux pour améliorer l’issue des cancers à mauvais pronostics.
- Concernant la recherche sur les cancers pédiatriques, la Ligue demande plus de moyens pour la mise en place des cohortes épidémiologiques ; elle insiste sur la recherche de traitements actifs mais générant moins de séquelles et de risques tumoraux à long terme.
- La Ligue pose également la question du financement des actions et programmes mis en place à l’occasion des précédents Plans cancer et leur intégration dans cette nouvelle stratégie.
- Enfin, la Ligue déplore que la stratégie décennale fasse peu de place à l’intégration des autres financeurs de la recherche et des acteurs sur le terrain.
Prévenir au mieux les 40% de cancers évitables
Une part importante des cancers pouvant être évités, la Ligue souhaite que des efforts soient menés dans le domaine de la prévention. Une meilleure répartition entre les soins curatifs et les soins de prévention serait un atout déterminant dans les politiques de lutte contre les cancers.
Améliorer l’éducation à la santé
La Ligue constate un échec global des approches éducatives traditionnelles pour promouvoir la santé des adolescents et jeunes adultes. Il est nécessaire de trouver de nouvelles approches, en s’inspirer de la psychologie comportementale, pour mieux sensibiliser les jeunes aux facteurs de risque et former une « génération sans cancer ».
Lutter efficacement contre l’alcool et ses effets délétères
L’alcool est la deuxième cause établie de la survenue de cancers : c’est un enjeu de santé publique majeur ! Seule une politique volontariste des autorités publiques sur l’alcoolisation, particulièrement pour les jeunes, sera efficace. La Ligue appuie la proposition de la stratégie décennale d’adopter un Plan National de lutte contre l’alcool, à l’instar du Plan National de Lutte contre le Tabagisme mais observe que tel n’a pour l’instant jamais été le cas. Le président national de La Ligue a pu affirmer que jusqu’à présent la lutte contre les méfaits de l’alcool avait été »le trou noir de la santé publique en France ».
Prendre en compte les pénuries de médicaments
Si la question du coût des médicaments est un axe de travail de la stratégie décennale, la Ligue déplore qu’elle n’aborde pas suffisamment le sujet des pénuries ! Si la fragilité et l’opacité du mode de production sont des problèmes identifiés et connus, la crise sanitaire engendrée par la Covid-19 révèle plus fortement encore les enjeux industriels, les dysfonctionnements organisationnels et, in fine, les pertes de change pour les personnes malades.
Développer les soins de support, essentiels pour la guérison
La socio-esthétique et les disciplines convergentes sont essentielles pour le bien-être des patients, au même titre que l’activité physique adaptée et la psycho-oncologie. Envisager l’intégration de la socio-esthétique dans le panier de soins de support est ainsi une démarche encourageante, qui nécessite un travail coordonné avec les acteurs qui ont l’expérience de cette pratique, dont la Ligue contre le cancer.
Reconnaître et soutenir les aidants, au centre de la prise en charge
Lorsqu’ils le souhaitent et qu’ils le peuvent, les aidants doivent être reconnus comme acteurs de soutien dans la prise en charge des personnes atteintes de cancer. Ils ne doivent pas se substituer aux acteurs professionnels. Il est nécessaire de répondre à leurs besoins de manière appropriée, en cohérence avec ceux des personnes malades. Les droits de ces proches aidants sont à repenser dans leurs critères d’accès, comme par exemple l’amélioration du congé de proches aidants sur le modèle du congé de présence parentale.
Faire progresser le droit à l’oubli
Le droit à l’oubli a été une évolution formidable afin de réduire l’impact du stigmate social du cancer, mais la grille de référence – qui fixe les critères d’inclusion – doit continuer à évoluer ! La Ligue contre le cancer rappelle la promesse du candidat Emmanuel Macron de faire passer le droit à l’oubli de 10 à 5 ans, non 8 ans comme le propose la stratégie décennale.
Rappel des objectifs de la stratégie décennale :
- Réduire de 60 000 par an le nombre de cancers évitables, à horizon 2040 (on l’estime aujourd’hui à environ 153 000 par an) ;
- Réaliser un million de dépistages en plus à horizon 2025, sur le périmètre des dépistages existants (aujourd’hui, environ 9 millions de dépistages sont réalisés chaque année) ;
- Réduire de 2/3 à 1/3 la part des patients souffrant de séquelles 5 ans après un diagnostic (en 2017, 3,8 millions de personnes vivent en France avec un cancer ou en ont guéri) ;
- Améliorer significativement le taux de survie des cancers de plus mauvais pronostics, à horizon 2030 (en 2016, 7 localisations de cancer présentent un taux de survie à 5 ans inférieur à 33% : poumon, pancréas, oesophage, foie, système nerveux central, leucémie aigüe myéloïde, estomac).
Pour en savoir plus : www.ligue-cancer.net
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