Une patiente suivie par le Centre d’Information et de Soins de l’Immunodéficience Humaine (CISIH) de l’Hôpital Sainte-Marguerite, à Marseille, pourrait représenter le premier cas en France – et le huitième dans le monde – de guérison fonctionnelle du VIH après une allogreffe de moelle osseuse.
La patiente, âgée d’une soixantaine d’années, avait été diagnostiquée séropositive en 1999. Malgré des traitements antirétroviraux efficaces à partir de 2010, elle a développé en 2020 une leucémie myéloïde aiguë. Une allogreffe de moelle osseuse réalisée à l’Institut Paoli-Calmettes en juillet 2020 a permis de traiter sa leucémie. Le donneur présentait une mutation génétique rare (Delta 32) sur le gène CCR5, empêchant le VIH de pénétrer dans les cellules.
A ce jour, seulement 7 cas de guérison fonctionnelle du VIH après allogreffe de moelle osseuse, visant à traiter un lymphome ou une leucémie, ont été rapportés dans le monde. Pour 6 d’entre eux, le donneur était porteur de la mutation Delta 32 sur le récepteur CCR5.
Après la greffe, la patiente a poursuivi son traitement antirétroviral pendant trois ans avant son arrêt en octobre 2023. et à être suivie de manière très régulière par son médecin au CISIH, le Dr Olivia ZAEGEL-FAUCHER. Des examens virologiques plus poussés ont été effectués au cours de sa surveillance, en collaboration avec le Laboratoire de virologie de la Timone du Pr Philippe COLSON : en particulier des tests ultrasensibles de charge virale, des tests de culture virale ainsi qu’une recherche d’ADN pro-viral correspondant au réservoir possible de virus encore présent dans son organisme. Tous ces tests se sont avérés négatifs.
Les résultats de ce cas ont été présentés lors de congrès internationaux à Munich et Glasgow en 2024. L’équipe du CISIH (photo en pièce jointe), sous la direction du Dr Sylvie BREGIGEON, poursuit les investigations en collaboration avec des chercheurs parisiens et des experts en immunologie. Cette avancée, bien que non généralisable à l’ensemble des patients atteints par le VIH en raison de la lourdeur des traitements associés à l’allogreffe, ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche sur le virus.