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Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°15 (Document)

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Santé Publique France a publié, le 12 juillet, le BEH n°15. Il est composé de deux articles.

Résumé du contenu :

  • Auto-diagnostic et auto-traitement du paludisme dans les populations isolées et mobiles de l’Amazonie : résultats de Malakit, un projet international multicentrique de recherche interventionnelle, de Maylis Douine (Centre d’investigation clinique Antilles-Guyane, Inserm 1424, centre hospitalier de Cayenne) et coll.

Les chercheurs d’or clandestins sont actuellement des hôtes majeurs du paludisme en Guyane, avec un risque d’émergence de résistance lié à une mauvaise utilisation des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT : Artemisinin-based combination therapies). L’éloignement des sites d’orpaillage et les problèmes de réglementation entravent leur accès aux soins, malgré la gratuité des services de santé.

Un projet de recherche quasi expérimental (Malakit), déployé dans des zones stratégiques aux frontières de la Guyane avec le Brésil et le Suriname, a évalué l’efficacité de la distribution de kits d’auto-diagnostic et d’auto-traitement aux orpailleurs clandestins, après une formation. L’évaluation s’est appuyée sur des questionnaires lors de l’intervention (délivrance des kits), et sur des enquêtes pré et post-intervention. L’indicateur principal était la proportion de personnes déclarant avoir utilisé une ACT validée, et après un diagnostic positif de paludisme. Les indicateurs secondaires ont évalué l’observance aux antipaludiques, la bonne utilisation des kits et l’impact sur l’épidémiologie du paludisme.

La proportion de patients déclarant un recours à une ACT validée, et après un diagnostic positif de paludisme, a augmenté après l’intervention, passant de 54,2% à 68,2% (odds ratio : OR : 1,8 ; intervalle de confiance à 95% : IC95%: [1,1-3,0]). D’avril 2018 à mars 2020, 3 733 personnes ont participé à l’intervention. Le kit a été utilisé correctement par 71,7% [65,8-77,7] des 223 personnes ayant déclaré avoir utilisé un kit Malakit lors des visites de suivi. Aucun événement indésirable grave lié à la mauvaise utilisation du kit Malakit n’a été signalé. L’intervention semble avoir accéléré la diminution de l’incidence du paludisme dans la région de 42,9%.

Ce projet international innovant a montré que les personnes ayant un faible niveau d’éducation peuvent s’autogérer correctement devant des symptômes du paludisme. Cette stratégie pourrait être intégrée dans les programmes de lutte contre le paludisme des pays concernés, et envisagée dans d’autres régions où le paludisme est résiduel dans les zones reculées. À l’heure où la France s’engage dans l’élimination du paludisme sur son territoire en 2025, poursuivre les efforts de lutte contre le paludisme dans cette population à l’écart du système de soins est essentiel. Des dérogations réglementaires permettraient d’agir plus activement auprès de cette population sur le territoire français, alors que nos voisins surinamais ont intégré cette stratégie dans leur programme national de lutte contre le paludisme.

  • Portage d’entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre élargi par des migrants mineurs non accompagnés, lors de leur première consultation au centre hospitalier universitaire d’Angers, de Jean-Philippe Lemoine (Laboratoire de parasitologie – mycologie, Département de biologie des agents infectieux, centre hospitalier universitaire d’Angers) et coll.,

La prévalence du portage d’entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre élargi (EBLSE) est forte parmi les réfugiés et demandeurs d’asile arrivant en Europe. Notre objectif était d’étudier le portage d’entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre élargi et de bactéries hautement résistantes aux antibiotiques et émergentes (BHRe) par des migrants mineurs non accompagnés (MNA), lors de leur arrivée à Angers, et aussi d’identifier de possibles clusters parmi ces bactéries.

Une étude observationnelle a été conduite pendant dix-huit mois et a concerné tous les MNA arrivant à Angers. Des échantillons de selles ont été ensemencés sur des milieux de culture gélosés sélectifs directement et après enrichissement par des bouillons supplémentés en antibiotiques. Les mécanismes de résistance ont été identifiés par différentes méthodes : disques combinés, immunochromatographie et PCR. Les isolats ont été comparés par électrophorèse en champ pulsé. Des données cliniques et administratives concernant les MNA ont été recueillies.

Au total, 139 MNA ont été inclus dans l’étude. La plupart d’entre eux (74,1%) étaient originaires d’Afrique. Les principaux points d’arrivée en Europe étaient les Balkans (20,1%), l’Italie (28,1%) et la péninsule Ibérique (38,1%). La prévalence des EBLSE était de 25,7% (intervalle de confiance : IC95%: [18,4%-33,0%]). Aucune BHRe n’a été isolée. L’analyse des isolats d’Escherichia coli par électrophorèse en champ pulsé a permis d’identifier 4 clusters. Dans ces clusters, la prise en compte de données concernant le trajet de chaque MNA a permis de suggérer l’hypothèse d’une transmission d’EBLSE après leur arrivée à Angers.

La possibilité d’une contamination des MNA dans les premières semaines suivant leur arrivée pourrait conduire à revoir les conditions d’hébergement qui leur sont proposées en début de séjour.

Tous les BEH sont disponibles sur cette page

 

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