À neuf mois de la mise en œuvre des nouveaux programmes de formation infirmière et du déploiement renforcé de l’universitarisation en septembre 2026, le CEFIEC dévoile les résultats d’une enquête nationale menée auprès des IFSI.
Cette étude met en lumière une dynamique réelle d’engagement mais révèle également des disparités importantes entre les territoires, ainsi que des besoins massifs en pilotage, en cadrage réglementaire et en moyens.
132 IFSI répondants — 44 % de taux de réponse — enquête menée du 15 septembre au 10 novembre 2025.
Une dynamique solide : 66,7 % des IFSI engagés dans la co-construction universitaire
Selon l’enquête, 66,7 % des IFSI ont déjà engagé une co-construction avec leurs partenaires universitaires, signe d’un mouvement bien installé et d’une volonté partagée. Cette dynamique s’appuie notamment sur des partenariats historiques, une collaboration déjà initiée dans plusieurs régions et une complémentarité reconnue entre les acteurs.
Cependant, l’avancement demeure très variable d’un territoire à l’autre. Les équipes évoquent des écarts importants quant à la maturité des projets, à la gouvernance locale et à l’accès aux services universitaires.
Un pilotage national encore trop peu lisible
L’enquête révèle que la gouvernance des parcours se structure principalement sous pilotage universitaire (52,3 % des situations). Si cette évolution traduit l’intégration progressive des sciences infirmières dans le champ académique, elle met également en lumière un besoin crucial de clarification.
« L’universitarisation ne peut réussir sans un pilotage national clair, partagé et lisible par l’ensemble des acteurs. Le cadre réglementaire doit être stabilisé rapidement. » rappelle Michèle Appelshaeuser, Présidente du CEFIEC.
Les répondants identifient trois freins majeurs :
- un cadre réglementaire jugé encore flou,
- une méconnaissance réciproque des cultures professionnelles,
- des moyens insuffisants pour accompagner la transition.
Structuration disciplinaire : des données à interpréter avec prudence
L’enquête indique que 46,2 % des IFSI seraient rattachés à un DUSI ou à une structure équivalente. Ce résultat doit être nuancé, car il reflète également une forte hétérogénéité terminologique et organisationnelle au sein des universités.
L’exemple breton illustre cette limite : les répondants mentionnent l’existence d’un DUSI alors qu’à ce jour, l’Université de Rennes dispose d’un Département des formations paramédicales et l’Université de Brest ne présente aucune structure disciplinaire dédiée aux sciences infirmières.
Ces variations soulignent :
La diversité des modèles locaux d’adossement universitaire ;
L’impact potentiel de ces différences sur l’accès à l’encadrement scientifique, à la recherche et au développement disciplinaire.
Ainsi, la structuration disciplinaire demeure en consolidation, et l’interprétation des données nécessite une attention particulière à la cartographie réelle des dispositifs universitaires.
Accès aux services universitaires : une intégration encore partielle
L’accès aux bibliothèques universitaires, à la restauration, aux services numériques ou aux activités culturelles et sportives reste très variable selon les territoires. Plusieurs IFSI évoquent une “intégration incomplète” des étudiants en soins infirmiers au sein des dispositifs universitaires.
Droits d’inscription : des modalités hétérogènes
Les pratiques en matière de droits d’inscription universitaires (178 €) divergent selon les sites, créant des situations contrastées pour les étudiants.
Première année des études de santé : une opportunité territoriale à structurer
51,5 % des IFSI se situent dans des départements géographiques disposant déjà d’une première année de santé, ce qui constitue un levier favorable. Par ailleurs, plus de la moitié des établissements (54,7 %) se déclare favorable à une implantation ou à une coordination renforcée de cette première année avec les IFSI.
« Il est essentiel que cette transformation ne dilue pas l’identité professionnelle infirmière. Les sciences infirmières doivent rester au cœur du projet de formation. » précise Marielle Boissart, Vice-présidente du CEFIEC.
Les conditions de réussite identifiées pour la première année des études de santé en IFSI
Les résultats convergent : l’universitarisation ne pourra pas réussir à moyens constants.
Les équipes de formation identifient cinq priorités :
- Renfort en ressources humaines (heures dédiées, ETP, coordination)
- Financements clairement fléchés pour la transition
- Plan de formation ambitieux pour les formateurs (sciences infirmières, pédagogie universitaire, simulation)
- Infrastructures adaptées : locaux, équipements, outils numériques
- Gouvernance locale et nationale stabilisée, partenariale et lisible
« L’universitarisation ne se résume pas à un changement de statut : elle implique une transformation profonde des pratiques pédagogiques, de la coopération entre institutions et de la reconnaissance disciplinaire des sciences infirmières. »
Le CEFIEC salue les dynamiques engagées, mais appelle les tutelles à sécuriser rapidement les conditions nécessaires à une mise en œuvre équitable de l’universitarisation. Les écarts territoriaux constatés et l’hétérogénéité des pratiques soulignent l’urgence d’un pilotage clarifié, d’un cadre réglementaire stabilisé et de moyens adaptés à l’ambition de la réforme.
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A propos du CEFIEC* :
Le Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres est une association de structures de formation aux métiers de la santé qui regroupe à ce jour tous les Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) de France, soit 331 structures, ainsi que les 36 Instituts de formation de cadres de santé (IFCS), 268 Instituts de Formation Aide-Soignant (IFAS), 48 Instituts de Formation d’Auxiliaire de Puériculture (IFAP), et quelques écoles de spécialités infirmières (Puéricultrices, Bloc Opératoire).
Contacts presse :
Michèle Appelshaeuser – Présidente – president@cefiec.fr
Sébastien Devillers – sdevil@aurasicommunication.com