Le think tank Terra Nova vient de sortir une note intitulée « Médecine de ville : le pari de la jeunesse ». ReAGJIR, le syndicat des jeunes généralistes (remplaçants, jeunes installés et chefs de clinique) salue une analyse et des mesures en phase avec ses attentes.
Après avoir souligné une déconnexion croissante entre offre et demande de santé, expliquant en partie la diminution du nombre de médecins dans certains territoires (baisse de l’attractivité de l’exercice libéral, difficultés particulières dans les premières années d’exercice, évolution des aspirations des nouvelles générations de professionnels de santé), Terra Nova propose des solutions déclinées en trois axes.
Assurer aux futurs et jeunes médecins une meilleure représentativité
Les jeunes médecins ne bénéficient pas d’une vraie voix dans les lieux de négociation et de décision sur la politique de santé. Ils seront pourtant bientôt majoritaires dans la démographie médicale et certains s’installeront avant même qu’une nouvelle convention, plus proche de leurs attentes, soit signée. « Cela fait plusieurs années que nous soulevons ce problème : il faut nécessairement être médecin installé exerçant principalement une activité libérale pour pouvoir se prononcer sur l’exercice de la médecine, ce qui exclut de facto les médecins remplaçants. », explique le Dr. Yannick Schmitt, Président de ReAGJIR. « Promouvoir l’exercice en groupe, dégager du temps médical grâce à une meilleure répartition des tâches et une meilleure coordination entre professionnels de santé, etc., sont des aspirations de la jeune génération peu ou pas évoquées lors les précédentes négociations conventionnelles. Alors que chaque année près de 8 000 jeunes médecins sont diplômés, ceux-ci ne se reconnaissent pas dans les modes d’exercice d’une partie de leurs aînés. »
Terra Nova propose deux réformes allant dans le sens d’une meilleure représentativité de la profession, sans volonté aucune de remettre en cause la politique conventionnelle ou l’utilité des URPS[1] :
– étendre la participation aux élections aux remplaçants et professionnels dans leurs 10 premières années d’activitépourvu qu’ils aient au moins 30 % de leur activité en libéral (pour tenir compte de la croissance de l’exercice mixte notamment) ;
– créer un collège spécifique aux futurs et jeunes médecins au sein des URPS pour prendre en compte les attentes des soignants de demain qui, moins nombreux, devront faire face à une demande de soins croissante. « Nous plébiscitons ces propositions et pensons qu’elles pourraient aussi avoir un impact positif sur l’installation en libéral pour les jeunes. », complète le Dr. Yannick Schmitt. « Il est temps que les pouvoirs publics et acteurs privés fassent confiance aux jeunes professionnels qu’ils sollicitent par ailleurs pour résorber la désertification médicale. ».
Garantir une meilleure formation et un véritable accompagnement à l’installation
Nombre de jeunes médecins ont peur de s’installer en libéral une fois diplômés et ce pour diverses raisons, dont la complexité des formalités et les charges inhérentes à un tel choix. C’est pourquoi Terra Nova propose de créer « un parcours global de formation et d’installation du praticien ambulatoire » avec 4 pistes majeures à explorer.
Tout d’abord mieux préparer les étudiants aux différents modes d’exercice en médecine de ville (favoriser les stages ambulatoires, accroître le nombre de terrains et de maîtres de stage, proposer des formations pratiques sur la gestion ou la comptabilité, etc.). « Familiariser les étudiants avec la médecine de ville leur permettrait de se sentir mieux armés une fois diplômés pour s’installer et de maîtriser des outils pour appréhender au mieux la gestion de leur cabinet. Une idée à mettre en place pour les générations à venir afin de ne pas se laisser développer la peur du libéral. », confirme le Dr. Yannick Schmitt.
Ensuite mettre en place un guichet unique d’accompagnement à l’installation qui mobiliserait l’ensemble des acteurs concernés (Ordre des Médecins, URPS, ARS, collectivités, etc.) pour pouvoir répondre à toutes les questions du professionnel de santé sur son installation et son projet de vie sur une territoire choisi. « Pour le moment ce guichet unique n’existe pas. Avoir un interlocuteur unique et surtout bénéficier d’un véritable accompagnement dans les démarches liées à l’installation permettraient sans doute à plus de jeunes médecins de franchir ce cap. », détaille le Dr. Yannick Schmitt.
Troisième piste : proposer un outillage et un accompagnement aux praticiens qui portent des initiatives adaptées aux besoins d’un territoire (permanence dans des cabinets différents, etc.) via la mise en place d’équipes dédiées au sein des URPS.
Dernière piste, le soutien à l’innovation en santé via des living labs, lieux d’innovation dédiés à la santé de tous et à l’autonomie des personnes en situation de handicap.
« Outre ces deux dernières pistes qui vont dans le sens d’une permanence des soins et d’une plus grande implication du patient, une meilleure protection sociale, davantage de pluri-professionnalité et une diversification des modes de rémunération sont trois attentes très fortes que porte notre génération et qui doivent être entendues. », revendique le Dr. Yannick Schmitt.
Multiplier les expériences dans les territoires
Comme annoncé le 13 octobre 2017 par notre ministre de la Santé, Agnès Buzyn, les territoires vont devenir des laboratoires d’innovation : les professionnels de santé sont encouragés à mettre en place des solutions expérimentales dans leurs territoires si elles répondent à un besoin de soins. Si celles-ci font leurs preuves, elles pourront être soutenues financièrement et reproduites au sein d’autres territoires rencontrant les mêmes problématiques. « Nous partageons le point de vue de Terra Nova : l’Etat ne peut pas tout gérer. C’est pourquoi encourager les acteurs de terrain à s’approprier des solutions et les soutenir techniquement et financièrement nous semble être une bonne idée. Autant qu’une expérimentation ayant déjà fait ses preuves puisse être dupliquée plutôt que réinventer. C’est un gain de temps et d’énergie non négligeable vu la démographie médicale de demain. », conclut le Dr. Yannick Schmitt.
Contacts presse
Pauline SAINT-MARTIN – pauline.saintmartin.rp@gmail.com
Anne-Lise VILLET – annelise.villet.rp@gmail.com
Dr. Yannick SCHMITT – president@reagjir.com
[1] Unions Régionales des Professionnels de Santé