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Les internes franciliens en première ligne contre le COVID-19 (Communiqué)

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« Depuis le 15 mars 2020, les internes franciliens se sont constitués en cellule de crise pour anticiper leur déploiement sur l’ensemble des Centres Hospitaliers d’Ile-de- France afin de faire face à l’épidémie et renforcer les équipes médicales, le tout en moins de 48 heures.

Alors que nous recevions des informations alarmantes de nos collègues internes sur la situation du Grand Est, nous avons malheureusement constaté l’incapacité de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de notre subdivision à coordonner la répartition des 6.000 internes en médecine.

En effet, mis à part l’annonce d’un report jusqu’à nouvel ordre de notre procédure des choix de stage, nous n’avons reçu aucune information de l’ARS durant les premiers jours de l’épidémie. Ce silence a révélé l’incapacité de notre ARS à évaluer les besoins en internes de l’ensemble de l’Île-de-France et à organiser le redéploiement des internes pour venir en aide aux services hospitaliers en détresse.

Plus de 1.500 volontaires se sont manifestés pour aider nos concitoyens hospitalisés.

En quelques heures, nous avons alors recensé plus de 200 référents postés dans chaque hôpital qui évaluent quotidiennement les besoins en internes et les remontent à notre cellule de crise pour que nous puissions correctement répartir les internes en Ile-de-France. L’urgence a d’abord été de déployer les internes d’anesthésie-réanimation et des spécialités médicales avec compétences de réanimation mais dont il ne s’agit pas de la spécialité d’origine. C’est désormais chose faite.

700 internes ont déjà été déployés sur l’Île-de-France et 700 autres suivront d’ici le milieu de la semaine prochaine.

Il n’existe à ce jour plus aucune capacité de relai de ces internes si les premiers viennent à tomber malades.

Cette cellule de crise a également accompagné la mise en place de solutions de logement et de transport pour chaque interne qui le nécessitait. Ce travail a été fait en collaboration avec les Directions hospitalières, et ce malgré le manque de coordination de l’ARS IDF et l’absence de moyens rapidement alloués pour appliquer les annonces présidentielles.

De plus, cette cellule recense les internes qui sont atteints du CoViD-19 et les accompagne dans leurs démarches administratives grâce aux internes de médecine du travail mobilisés. Il est malheureusement difficile en temps normal pour un interne d’être reçu par la médecine du travail, ce qui est accentué par la crise sanitaire actuelle.

Enfin, les internes peuvent compter sur la veille d’un dispositif de soutien géré par nos co- internes de psychiatrie, SOS SIHP, qui permet d’orienter le mieux possible ceux en situation d’épuisement moral et psychique.

Nous constatons que l’ARS et certains hôpitaux franciliens sont dépassés par la gestion de la crise actuelle.

L’épidémie accentue la dégradation des conditions d’accueil et de travail des internes dans les hôpitaux, qui sont habituellement déjà mauvaises.

Les internes représentent 40% de l’effectif médical des hôpitaux publics. Ils n’ont pas de contrat de travail, pas de réel décompte horaire et donc pas de paiement d’heures supplémentaires ; néanmoins, ils ont répondu immédiatement présents pour être en première ligne depuis le début de cette période de crise, aux côtés des autres professionnels de santé.

Cette crise sanitaire se surajoute à une crise globale de l’hôpital public pour laquelle les internes s’étaient mobilisés avec les autres soignants il y a à peine trois mois.

Fin 2019, nous étions en grève pour alerter sur la situation de l’hôpital. A présent, nous constatons les pénuries de matériel, bientôt de médicaments, et nous souffrons du sous- effectif de soignants qui ne permettent pas une prise en charge optimale des patients.

Pour nous, professionnels de santé, cette situation est intolérable et source de souffrance quotidienne.

Aujourd’hui, nous répondons présents comme toujours à notre mission de service public. Demain, il faudra repenser la gestion de la santé sur notre territoire et investir dans l’hôpital public qui ne peut plus répondre aux besoins de santé des Français et encore moins aux crises sanitaires.

Demain, après les applaudissements, ce sera à notre tour de nous faire entendre et d’exiger des moyens et des réformes en faveur de notre système de santé. Ces mesures devront être à la hauteur de notre abnégation et de celle de tous les professionnels de santé, à savoir remarquable. »

Julien Flouriot, président du Syndicat des Internes des Hôpitaux de Paris (SIHP)
Anna Maria di Giuseppe, présidente du Syndicat Représentatif Parisien des Internes de Médecine Générale (SRP-IMG)

Responsables de la cellule de crise
Pierre Hamann
Charles Ouazana-Vedrines
Marie Renaudier
Elisabeth Ashton

Contact presse : bureau@isni.fr

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