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« Incontinence, tous concernés ! »

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Face aux incontinences urinaires, nous sommes tous concernés ! C’est le message que les urologues de l’AFU [re]lancent à l’occasion de la Semaine de la Continence 2022 qui se tient du 14 au 20 mars.

Objectif : montrer que les troubles de la continence peuvent toucher tout un chacun —quels que soient son âge et son genre— et en tous lieux. Une fuite ou une urgence urinaire peuvent ainsi surprendre un politicien aguerri au beau milieu d’un discours, un manager au cours d’une réunion, un jeune adulte pendant sa partie de tennis ou sa leçon de conduite automobile, un ado en plein chat ou encore un quadra ou un quinquagénaire en train de faire des emplettes…  

Cependant, les fuites urinaires ne sont pas une fatalité et il est important que les patients osent en parler à leur urologue ou médecin. 

D’après un entretien avec le Pr Véronique Phé, urologue à l’hôpital Tenon à Paris et le Pr Jean-Nicolas Cornu, urologue, coordonnateur du centre de pelvipérinéologie du CHU de Rouen et du Comité d’UROlogie et de Pelvipérinéologie de la Femme à l’AFU (CUROPF)

#levonslestabous pour retrouver une vraie qualité de vie 

Le but de cette campagne est clair : sortir du cliché de la dame ménopausée, mère de plusieurs enfants, touchée par une incontinence d’effort. Ces patientes-là sont relativement bien informées, ne serait-ce que grâce à la rééducation périnéale proposée en post accouchement ; elles sont mieux diagnostiquées et mieux suivies que le reste de la population.

C’est donc à tous les « autres » patients souffrant de troubles de la continence que s’adresse l’AFU, afin qu’ils osent en parler, qu’ils soient diagnostiqués et dûment pris en charge. Car les traitements existent. Ils sont nombreux, efficaces : « dans 90 % des cas, une prise en charge adaptée permet de résoudre le problème. » estime le Pr Véronique Phé.

 

De 7 à 77 ans

Vers l’âge de 7 ans la majorité des enfants est propre, de jour comme de nuit. Mais environ 10 % de cette classe d’âge souffre d’énurésie (pipi au lit) : la petite moitié a fréquemment des accidents (toutes les semaines) et l’autre moitié, fait pipi au lit seulement une fois de temps en temps. L’énurésie tend le plus souvent à se résoudre spontanément. Ainsi vers 11 ou 12 ans, seuls 1 à 2 % des enfants sont encore touchés par ce trouble. Mais ce dernier peut persister dans ces mêmes proportions jusqu’à 16 ou 17 ans si l’on en croit les différents rapports de l’ICS (international continence society).

« C’est comme si on avait atteint un plancher. » note le Pr Jean-Nicolas Cornu.Pour les incontinences diurnes, les pourcentages sont très inférieurs et suivent la même courbe décroissante : « 2 à 3 % des enfants sont embêtés pendant la journée à l’âge de 7 ans, 1 % à 12 ans et 0, 5 % à l’adolescence ».

L’incontinence diurne est un peu plus fréquente chez la petite fille et l’énurésie plus souvent retrouvée chez le garçon.Trop souvent encore l’incontinence chez les jeunes est taboue et son impact, notamment sur la vie sociale de ces enfants, est sous-évalué. « Même si les troubles de la continence ne touchent qu’un faible pourcentage d’enfants, il est essentiel que ces derniers soient correctement diagnostiqués et pris en charge » insiste le Pr Cornu. De même pour la jeune fille. « Contrairement à ce que l’on pense, la plupart du temps la solution n’est pas chirurgicale et il existe une pléthore d’autres moyens d’action. » ajoute le Pr Phé

Les physiopathologies sont variées. Un certain nombre d’enfants ne savent pas relâcher correctement leur sphincter urinaire ce qui entraîne des débordements (dyssynergie vésico-sphinctérienne), dans d’autres cas, une immaturité neurologique est en cause. On retrouve également des traumatismes infantiles, des antécédents d’abus sexuels ou de violences psychologiques…

Chez les personnes âgées les causes sont multifactorielles. La vessie vieillit, tous les tissus, notamment ceux du plancher pelvien sont fragilisés, sans oublier les troubles prostatiques, les maladies neurologiques…

L’incontinence d’effort augmente avec l’âge tout comme l’urgenturie (on estime que 20 à 30 % des plus de 65 ans souffrent d’urgenturie, ces urgences mictionnelles qui obligent à trouver de façon imminente un lieu d’aisance). Si ce trouble est récurrent chez les séniors, il ne faut pour autant pas le prendre à la légère et le considérer comme « normal ». « Il suffit d’un grain de sable chez les personnes très âgées pour déstabiliser leur santé et mettre en péril leur autonomie » rappelle le Pr Cornu.

« Il existe des traitements efficaces même à cet âge-là » insiste le Pr Phé qui dénonce le fait que la plupart du temps la seule réponse à ces troubles consiste à proposer des protections.

 

Dans la force de l’âge

Quid de l’homme ou de la femme jeune (moins de 50 ans) ? Si la fréquence de l’incontinence est équitablement répartie entre les deux sexes chez l’enfant et l’adolescent et chez les séniors, le tableau est plus contrasté à l’âge adulte. Les urgenturies, qui ont été au cœur du rapport annuel de l’AFU en 2020, se retrouvent de manière similaire dans les deux sexes.

On estime qu’elles concernent 10 à 15 % des adultes.

Même si elles ne se traduisent pas forcément par une incontinence, elles ont un impact social important (stress, besoin de s’éclipser sur le champ, obsession de trouver des toilettes…)

Pour l’incontinence d’effort, elle est fréquente chez la femme (30 à 40 % des femmes entre 30 et 60 ans), mais elle est en revanche exceptionnelle chez l’homme jeune (la principale cause d’incontinence d’effort chez l’homme est l’ablation de la prostate, rare avant 50-60 ans).Tous ne nécessitent pas de prendre des médicaments ou d’être opérés.

« On peut leur proposer des règles hygiéno-diététiques très efficaces, de la kinésithérapie, de la neuro-rééducation (rééducation à domicile par stimulation du nerf tibial), améliorer leur hygiène de vie du point de vue vésical » précise le Pr Cornu. C’est seulement en cas d’échec que d’autres solutions, soit médicamenteuses soit chirurgicales (bandelette, injections de toxine botulique dans la vessie, pace maker pour vessie) sont préconisées.

 

Un signe d’alerte

« Il ne se passe pas une semaine sans qu’on m’envoie un patient pour une incontinence et que je découvre qu’en réalité il souffre d’un cancer de la vessie » constate le Pr Véronique Phé.  L’incontinence est également le premier signe de nombreuses maladies neurologique. Chez la femme jeune, une incontinence par impériosité doit immédiatement faire penser à une sclérose en plaques. Chez l’homme ou la femme plus âgés, les fuites urinaires peuvent mettre en évidence une maladie de Parkinson.

Plus ces maladies sont prises en charge précocement, meilleure est leur évolution. Que faire ?

D’abord en parler avec son généraliste puis lui demander d’être réorienté vers un urologue pour un bilan complet.« 30 à 40% des femmes âgées de 30 et 60 ans rapportent avoir des symptômes d’incontinence d’effort. Parmi elles seules 25% cherchent à traiter le problème mais seule la moitié d’entre elles vont réellement trouver une solution ». Pr Jean-Nicolas Cornu

Ça n’est pas que pour les femmes, ça n’est pas que pour les hommes

 

Un homme, une femme

Parler de l’incontinence à deux voix, sous forme de dialogue filmé, telle est la formule retenue par l’AFU cette année pour démythifier les questions de continence. Cette conversation entre Véronique Phé et Jean-Nicolas Cornu, permet de redéfinir les différentes formes d’incontinence, rappeler leur prévalence, souligner que chacun d’entre nous, quels que soient son âge ou son genre peut être concerné et surtout faire le point sur les solutions. L’AFU a notamment choisi de mettre en exergue les troubles de la continence chez l’homme car si les femmes ont l’opportunité d’évoquer certains sujets intimes avec leur gynécologue, les hommes sont bien souvent seuls et honteux face à ce trouble. « Nous martelons une poignée de sujets clefs : c’est très fréquent, c’est toujours tabou, cela touche tout le monde et à tous les âges, ce n’est pas une fatalité, et ça peut révéler des maladies graves », résume le Pr Phé.

 

Fuite ou urgence ?

  • L’incontinence d’effort se manifeste par des fuites plus ou moins importantes à l’occasion d’un effort ou d’un mouvement (porter, sauter, tousser, rire, courir, ou tout simplement bouger). Elle traduit la fragilité du plancher pelvien, notamment au niveau du sphincter urinaire et/ou une hypermobilité de l’urètre.
  • L’urgenturie, (autrefois appelée impériosité) est un besoin irrépressible d’uriner dont les causes sont multiples : maladie neurologique comme la SEP, Parkinson, séquelles d’un AVC ou conséquence d’une neuropathie diabétique, traumatisme médullaire, atteinte vésicale (cystite, inflammation vésicale, cancer de la vessie, calcul…), obstacle à la vidange de la vessie (c’est le cas notamment chez l’homme souffrant d’hyperplasie de la prostate), mauvaise hygiène de vie (excès de café, thé, épices, alcool…). L’âge est également un facteur de risque : le muscle vésical devient moins élastique, la pression augmente donc rapidement lors du remplissage entrainant des contractions réflexes du détrusor, muscle de la vessie responsable de la vidange de l’organe.
  • Beaucoup d’incontinences sont mixtes, associant les deux phénomènes.

En bref

  • L’incontinence peut survenir à tous les âges de la vie
  • Elle affecte également les hommes
  • Il existe toujours des solutions pour guérir ou réduire ce trouble
  • L’incontinence peut être le premier signe d’une maladie plus grave (neurologique ou oncologique)
  • Hormis chez l’enfant les fuites urinaires ne se résolvent jamais spontanément, il faut consulter !

Semaine de la continence 2022, un dispositif au plus près des patient.e.s

« Pour cette nouvelle édition de la semaine de la continence, une nouvelle fois, le site grand public www.urologie-sante.fr sera enrichi de document, d’infographie et de vidéo d’expert. De plus, un dispositif spécial de sensibilisation sera mis en place sur Facebook et relayer via Twitter, et 8 GIFs seront créés pour Instagram sur les questions fréquemment posées et leur réponse, précise le Dr Richard Mallet, Vice-Président de l’Association Française d’Urologie. 

Mais surtout, nous revenons au plus près des patient.e.s en proposant à l’ensemble des services d’urologie, d’inciter au dialogue patient.e – professionnel de santé et donc de libérer la parole sur l’incontinence en apposant une affiche dans leur salle d’attente ».

À propos de l’AFU : l’Association Française d’Urologie est une société savante représentant plus de 90 % des urologues exerçant en France (soit 1 133 médecins). Médecin et chirurgien, l’urologue prend en charge l’ensemble des pathologies touchant l’appareil urinaire de la femme et de l’homme (cancérologie, incontinence urinaire, troubles mictionnels, calculs urinaires, insuffisance rénale et greffe), ainsi que celles touchant l’appareil génital de l’homme. L’AFU est un acteur de la recherche et de l’évaluation en urologie. Elle diffuse les bonnes pratiques aux urologues afin d’apporter les meilleurs soins aux patients, notamment via son site internet urofrance.org et un site dédié aux patients urologie-sante.fr.

Contact presse : LauMa communication
Laurent Mignon  Mathilde Birembaux
tel. 01 73 03 05 20 • contact@lauma-communication.com

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